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Adaptation théâtrale : « Le Mogho vous parle » de Patrice Kaboré

Le 23 septembre 2022, la compagnie Les Merveilles du Burkina présentait « Le Mogho vous parle », une adaptation des poèmes du Mogho Naaba Baongo réalisée par Paul Zoungrana dans une mise en scène de Patrice Kaboré. Cette pièce célèbre les valeurs africaines au service de la paix.

 

 

«Le Mogho vous parle» est une aventure théâtrale improbable, car cest la rencontre inattendue de trois personnalités dont rien naurait pu présager de la réunion ; pas même les cauris du baga, le géomancien moaga. Le premier est un roi, le Mogho Naaba Baongo, qui a décidé d’écrire des poèmes dans un but didactique, en vue de sensibiliser les jeunes Burkinabè aux valeurs africaines avec son recueil Le Soleil éclatant. Le deuxième est le dramaturge et metteur en scène Paul Zoungrana,  grand adaptateur de textes narratifs. Il sest confronté à tous les genres et à de grands auteurs comme Norbert Zongo, Alain Mabanckou et Toni Morrison. Il est le seul dramaturge burkinabè à avoir pris au pied de la lettre cette injonction de Jean Vilar : «Il faut faire théâtre de tout (texte)». Le troisième est Patrice Kaboré, passionné de théâtre, formateur et dénicheur de jeunes talents. Les humoristes Moussa Petit Sergent, Son Excellence Gérard Ouédraogo et le conteur Bobele Toudba sont issus de sa compagnie. Ainsi, le Mogho Naaba a écrit de la poésie, Paul a transmuté les vers royaux en un texte dramatique et Patrice en a fait un spectacle.

Cest la terrasse du palais qui a servi de scène de théâtre et là, le spectateur se dit que les expressions côté cour, côté jardin prennent leur sens premier dans ce palais, même si le roi et son aréopage étaient du côté jardin ! Cest sur une scène réduite au minimum, faite de petites branches de neem accrochées sur un arrière-fond de rideau noir, que la pièce se déroule.  

La pièce débute en coulisse par des cris, des pleurs, des rafales qui déchirent le silence. On plonge dans une atmosphère de guerre, et surgissent sur scène une dizaine de jeunes comédiens jouant de jeunes déplacés internes. Lun deux, le jeune Sambo, est pris à parti par le reste du groupe, qui lui reproche d’être de la communauté de terroristes qui ont semé la mort et la désolation dans leur village. Sur le point d’être lynché, le jeune Sambo ne devra son salut qu’à lapparition du vieux griot du Mogho qui va, à travers les poèmes du Mogho Naaba, leur enseigner la tolérance, le vivre-ensemble et le civisme.

La pièce est une série de quelques tableaux qui se succèdent dans une grande fluidité grâce aux notes de balafon qui les suturent et les ponctuent.  Un chœur de trois comédiennes apparaît sur scène pour introduire les différentes thématiques abordées par la poésie du Mogho Naaba. En une demi-heure, la pièce montre que le terrorisme ne doit pas amener les communautés à rompre le pacte de cohabitation pacifique et que cest dans lunion que la victoire sur ce fléau sera remportée.

Bien que jeunes, les comédiens possèdent déjà des qualités certaines : des organes vocaux bien raffermis, une bonne occupation scénique et un bon rendu du texte avec toutes les émotions.

Le Mogho Naaba a traduit à la troupe sa reconnaissance et souhaité que son message de paix et de cohésion sociale soit entendu par tous les Burkinabè et le reste du monde.

La compagnie Les Merveilles du Faso a montré, à travers cette représentation, que le théâtre pouvait et devait se saisir des textes qui promeuvent des valeurs comme la paix pour les diffuser. Il faut souhaiter que cette pièce soit jouée dans les écoles pour promouvoir la cohésion sociale.

 

Saïdou Alcény Barry

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